samedi 21 mars 2015

Oni & Samurai




Bushidô : un cadre de campagne

Préparation des travaux à venir et remise à plat des projets en cours étant de mise en ce moment, j'en profite pour replonger dans les tréfonds de mes archives, notes papiers dans des tiroirs poussiéreux et dossiers oubliés au fond des disques durs.
Et, un petit sourire aux lèvres après une plongée en apnée dans les méandres des épanchements de mon cerveau, j'en ressors parfois un petit quelque chose qui fait plaisir à retrouver, comme un vieux copain que l'on n'a pas vu depuis trop longtemps mais que l'on est bien content de savoir toujours là.
Parmi ces fichiers à classer entre « ah oui, c'est vrai ! » et « ça peut servir », quelques séries de notes, de compte-rendu, d'aides de jeu accumulés au long de trente années de jeu de rôle.
Ok, ça fait plaisir de se voyager à nouveau dans sa mémoire ludique, et après ?
Et après, j'ai envie du coup d'ouvrir une rubrique « à vous de jouer ». C'est-à-dire, plus précisément, de mettre ce matériel à disposition des autres rôlistes que cela pourrait intéresser. Ho ! Pas trop d'enthousiasme et d'espoir non plus, les amis. Il ne s'agit pas de jeux complets et révolutionnaires, d'univers ultra détaillés ou de suppléments indispensables-que-comment-j'ai-pu-jouer-jusque-là-sans ?
Non, bien plus modestement, il s'agit plus de pistes et de ressources pour titiller l'imagination de mes collègues meneurs de jeu. Bref, vous allez bien voir.

Et pour commencer, Bushidô.
Alors, en guise de prologue, un peu d'histoire à ce sujet. Je ne reviendrai pas sur le jeu en lui-même, l'ami Géraud dans la rubrique « rétro » du Casus Belli n°11 en a dit tout ce qu'il y avait à en dire.
Non, quelque chose de plus personnel.
J'ai treize ans, je viens de découvrir le jeu de rôle avec Méga et, un élève de ma classe déjà rôliste me lance « si ça te dit, mon frère a ramené un jeu des US, ça peut t'intéresser ». À l'époque je pratique déjà les arts martiaux, j'aime les films de samurai et lorsqu'il me met sous le nez la boite de Bushidô (version FGU), avec sa superbe couverture et ses livrets inspirants, je craque. Hop, tout l'argent de poche y passe et le précieux devient mien.
Bon, collégien, mon anglais est encore fébrile, et je vais revenir à l'Appel de Cthulhu ou JRTM quelques temps encore avant de me lancer. Ce sera le principal moteur de mon envie d'apprendre cette langue d'ailleurs. Dans les années qui suivent, je savoure chaque page des deux livrets et me familiarise avec.
Le lycée arrive, le club de JDR, un nouveau groupe, un jeu ? : ce sera Bushidô. S'ensuit trois années de campagne (mon anglais s'est nettement amélioré entre temps) inoubliables (casting, pour leur rendre hommage au passage : Laurent, Alain, Arnaud et Nicolas).
La fac, nouveau groupe, encore Bushidô, moins suivi, mais plein de bons moments une fois de plus.
Je l'avoue, ma connaissance du Japon historique à l'époque était bien moindre et nous faisions plus du « med/fan sauce nippone » que de suivre un décor historique. Et cela fonctionnait très bien (« Nippon is not Japan » comme le disent les auteurs du jeu).
Et puis le jeu a trouvé peu à peu une place de vénérable ancêtre dans la ludothèque. D'autres lui ont succédé, d'autres univers. La vieille boîte FGU, usées et tordue, trônait fièrement sur son étagère, dans un repos bien mérité d'où je la tire de temps en temps pour feuilleter quelques pages.
Quelques années passent et mes joueurs, pour un anniversaire, m'offrent... Bushidô, la boite VF. En plus du fait qu'ils sont adorables, je replonge. Et découvre pour la première fois le jeu dans ma langue natale, des années après sa sortie par Hexagonal. Alors on n'y rejouera pas, mais au fur et à mesure de la lecture un carnet reçoit quelques notes et un cadre de campagne se fait jour.
L'idée : un clan déchu qui agit comme agents secrets pour un clan plus puissant. Des spécialistes du combat contre les menaces surnaturelles. Une situation politique explosive, des intrigues de cour, une menace insidieuse, des pistes de romances, de l'honneur, de la gloire et des sacrifices.
C'est cela que je vous propose aujourd'hui, juste pour le plaisir d'y jeter un œil (ah, toi aussi tu as adoré jouer un samurai, n'est-ce pas?) ou d'en faire quelque chose.
Pour Bushidô bien entendu, mais comme il n'y a là aucune caractéristique technique, cela devrait être aisément adaptable à Tenga, Sengoku ou même Oriental Adventures ou La légende des Cinq Anneaux.
Bon jeu !


Cadre de campagne pour Bushidô

Les personnages sont les descendants (deuxième génération) ou membres (première génération) d'un clan déchu dont le nom a été effacé (le clan Shinzen).
Mais cette déchéance, à la suite d'une guerre perdue, était un calcul du daimyô du clan, un plan mis au point avec son seigneur afin de protéger ses fidèles et les faire entrer dans la clandestinité. Puis le daimyô effectua le rituel du seppuku et, trente ans plus tard, les gens ont plus ou moins oublié ces événements.

Aujourd'hui : les PJ sont rappelés par le lieutenant du daimyô qui était caché sous l'identité d'un simple tenancier d'auberge (dans un petit hameau, un relais sur une route commerciale vers la capitale). Cet homme (Yomichi, 61 ans) a été contacté par un noble proche de l'empereur. Hôte du seigneur de la région, il observe et manipule les forces en présence et décide de réactiver le clan pour accomplir des missions secrètes / discrètes et mener l'enquête sur une menace surnaturelle annoncée par un augure...

Pistes de scénarios :
Révéler les complots et intrigues qui se trament dans la région et, à plus grande échelle, contre le gouvernement impérial.
Préparer la guerre qui s'annonce (diplomatie, ralliement, assassinats, prise de places fortes, escarmouches...)
Laver l'honneur du clan, lui rendre sa place (l'héritier du clan est un jeune garçon sans éducation caché dans une famille de simples paysans : Mokoto).
Quête mystique (les trente-neuf démons encore présents dans le Nippon) et un groupe de sorciers envisagent de rouvrir la porte des enfers.

Le clan des PJ :
Clan ancestral lié au premier empereur, discret et secret, gardien de savoirs occultes.
Forme des chasseurs de démons, conserve un secret initial lié à l'avènement du premier empereur, gardiens du portail vers les enfers, aujourd'hui oublié sauf d'une communauté de Yamabushi qui veille sur la porte scellée.

Les PJ : options possibles
ninja (un groupe formé par une partie du clan tombée dans la clandestinité, des espions surtout)
samurai : héritier du maître d'armes du clan, des techniques secrètes à redécouvrir
budoka : tradition ancestrale, techniques de combat contre les démons
gakusho : shintoïste, protecteur et diplomate
shugenja : chasseur de démon

Couvertures des PJ : options possibles selon la classe

apprenti forgeron : samurai, budoka
scribe, fonctionnaire : shugenja, samurai
paysan : budoka, gakusho
acolyte : gakusho
acrobate : ninja

Eléments de la campagne

Il est possible d'utiliser "Valley of the Mists" comme point de départ géographique et lancer les premiers scénarios.

Clan des PJ : clan Shinzen

Villages où vivent les PJ : Hirato, Izuyima

Seigneur de la province : Tsudake Myori, du clan ancestral Tsudake
Mon : un cercle blanc sur fond rouge. Clan riche mais étendu sur un domaine vaste et morcelé. Nombreux vassaux, pas tous fiables. Une grande forteresse : Hijeki.

Clan ennemi : clan Jichin, dirigé par Jichin Kido (mais en vérité, il est lui-même contrôlé par son épouse, Ikade (une démone).
Mon : Un crabe noir sur fond bleu clair.
Grande cité portuaire, territoire peu étendu mais bien contrôlé, flotte importante.

Chef de la cabale des sorciers visant à ramener et contrôler les trente-neuf démons : Bunzon
Occupe les ruines d'un palais oublié (le palais du premier empereur) dans une forêt dense. Possède de nombreux espions et une garde de bakemono. Veut rallier les tribus de créatures sauvages, peut changer d'apparence. Initie trois disciples parmi des jeunes nobles ambitieux et corrompus.

Clans pouvant être alliés :

Takeda, dirigé par Takeda Hinoue, au nord de l'archipel, clan de cavaliers émérites et traditionalistes, seigneur ambitieux, domaine agricole très riche. Loyal à l'empereur, déteste Nobudo Hideori. Impétueux et arrogant.
Mon : Quatre losanges blancs disposés en losange sur fond noir.

Ichikawa, dirigé par Ichikawa Kimiko (fille de Tezuka, elle a pris les rênes du clan à la mort de son père, un an plus tôt, sous les coups de ninja dont on ignore encore les commanditaires). Clan mineur mais qui garde une passe importante dans les montagnes centrales. Un clan de Tengu est l'allié ancestral du clan Ichikawa, mais ces créatures se retirent peu à peu du monde.
Mon : Trois cercles attachés en triangle, noirs sur fond jaune

Clans ennemis
Nobudo, dirigé par Hideori, vise le shogunat, veut forcer la main à l'empereur, prévoit une conquête des clans voisins, armée disciplinée et nombreuse, armures et étendards rouges.
Mon : Trois disques dorés l'un sous l'autre sur fond noir.
Contrôle un clan de ninjas et une grande partie du commerce sur la grande route de l'est.

Dato, dirigé par Dato Saburo, allié de circonstance au clan Nobudo, servile mais peu fiable, appât du gain, connexion avec une faction bouddhiste de la capitale (faction Hitori) cherchant à s'imposer à la cour impériale.
Mon : un papillon blanc sur fond vert

Clan impérial : clan Minamoto, dirigé par l'empereur Imeji
le chef de ses armées, Fukuda Toyotomi, envisage une grande expédition de conquête en Corée (pour le gain matériel et pour diviser et affaiblir les clans vassaux)
Un lotus blanc dans un cercle sur fond rouge

PNJ importants

le noble impérial : Hojo Nabatsu. Retors et manipulateur, capable du pire pour remplir sa tâche et ne pas faillir à sa mission: empécher que le Nippon ne sombre dans le chaos. Pour le bien du plus grand nombre...

à Izuyima: un chef yakuza pragmatique et populaire, Gosuke, gérant d'un maison de jeu.

Une confrérie de moines bouddhistes, un monastère isolé au bord d'un lac de montagne, gardiens d'une bibliothèque de documents occultes divers et variés dont de nombreux textes ésotériques chinois et le seul et unique récit de l'avènement du premier empereur. Abbé : Kyôgô. Parmi les moines, un ancien samurai du clan Shinzen, aujourd'hui très âgé, s'est rasé le crâne et vit retiré au monastère.

Un moine shinto dérangé vivant en ermite au bord d'une forêt, mais doué de visions prémonitoires absconses : Hotaro.

Un clan yakuza agressif, le gang Murada, se forgeant un territoire à Hirato (trafic d'une drogue venue de Chine, alliance avec le clan Dato).

Un espion ninja se faisant passer pour un marchand de saké : Bunjo. L’œil de l'empereur.

Une jeune aveugle attire le public dans une maison de plaisirs par sa voix cristalline et sa maîtrise du biwa. Elle est la fille illégitime de Nobudo Hideori, nommée Ikii, exilée ici et surveillée par un samurai du clan déguisé en simple rônin ivrogne. Ikii ignore sa véritable ascendance, elle sait juste qu'elle a été abandonnée par son père, sa mère est morte dans la misère et elle rêve de se venger.

Une bande de voleurs de grands chemins, chapardeurs dans les fermes alentours, sévit sur la route vers la grande ville. La bande est menée par la jeune Dasuki et se compose d'une quinzaine d'adolescents orphelins, plus gênants que nuisibles. Alliance possible avec les PJ.

Un chef de village agricole, ancien scribe du clan Shinzen. Vieillard presque sourd mais il sait beaucoup de choses sur les gens au pouvoirs dans la région.

Un émissaire de la cour impérial, chargé des taxes : Jujichi Sando. Traître, il renseigne Nobudo Hideori.

Une fille de l'empereur, Sukyo, éduquée au palais Tsudake, rôle de diplomate auprès de ce clan. Promise à Myiori, mais lui est âgé de 52 ans, elle de 17. Erudite, elle est accompagnée d'un mentor, un sage coréen nommé Jun Jin. Relation amoureuse possible avec un des PJ.

Un rônin manchot maître du sabre : Hondo

Un sage retiré dans une ancienne pagode au fond d'un marais difficile d'accès. C'est un ogre-mage sous apparence humaine, aussi savant que cruel : Kyuji.







2 commentaires:

  1. Merci
    juste un canevas qui demandera du travail au MJ, mais si cela peut donner des pistes...

    RépondreSupprimer